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Réponses contre questions

ou comment les certitudes ne conduisent pas à l'illumination.

Après avoir accompagné ma chère et tendre en séminaire d'entrainement (si cela s'appelle encore comme ça) à Trets, en Provence, il y a deux semaines déjà, nous sommes retournés en réunion de discussion hier soir. Le groupe s'était réuni autour des membres qui avaient pu participer au même séminaire et qui retransmettaient leurs impressions et leurs expériences.
J'ai participé à nombre assez important de séminaires d'entrainement et autres cours d'été pour un pratiquant qui n'a aucune responsabilité officielle dans l'organisation Soka française (l'actuelle ACSBN). Et j'ai pu observer les multiples transformations qui se sont opérées en plus de vingt ans. Et je dois dire que le dernier séminaire auquel j'ai participé ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, ni même un bon souvenir. Rien de nouveau sous le soleil, sinon une montée en puissance d'une certaine forme de culte de la personnalité. Je me suis donc promis de ne pas y retourner pendant quelques années, histoire de prendre le frais et de retrouver le lien que j'avais tisser avec cet endroit il y a de cela 20 ans.
Bref, la perspective de passer toute une réunion de discussion à l'écoute des impressions des uns et des autres ne m'enchantait pas vraiment, même si c'est aussi l'occasion de découvrir les parcours des uns et des autres, aspect qui a la valeur la plus haute dans mon idée de ce que doit être le mouvement Soka en France.
J'ai donc fermer ma grande bouche et écouter les autres.
Dans ce seul groupe, quatre personnes (dont ma douce) avaient participé à ce séminaire. Et chacun avait ses impressions. Mais ce qui m'a frappé c'est le décalage immédiat qui s'installe entre celles (il n'y avait que des femmes) et les autres. Décalage qui est d'autant plus grand qu'il est amplifié par l'ancienneté dans le mouvement. Ceux qui y étaient allés pour la première fois avaient été bouleversés par le séjour. Les autres s'étaient une fois encore éveillés à la réalité du bouddhisme mais sans comprendre pour autant la portée réelle de ce dernier dans la société qui les entourent. Le séminaire a cet effet pervers sur les pratiquants plus anciens de les conforter dans l'idée qu'ils se font du bouddhisme de Nichiren : une pratique individuelle, apparentée à la pensée positive (mais antérieure à cette dernière), permettant une psychothérapie personnelle légère (mais aussi antérieure à cette technique), et proposant une considération toute particulière de la mort, ou plutôt de la finitude de la vie humaine...
Derrière ces témoignages, ce qui se cache c'est une recherche de certitudes, de réponses toutes faites et rassurantes sur les problèmes existentiels communs à tous. Et peu importe que l'itinéraire de chacun soit unique, il faut des réponses homogènes, simples, qui ratissent large afin de maintenir le consensus et l'approbation mutuelle qui sied aux groupes de toutes natures. En bref, un discours dépourvu de questions véritables.
L'une des participantes (et également hôte de la réunion) fût l'une des seules à poser une question véritable : que se passe-t-il pour ceux qui se suicident ? Quel est leur état, puis leur devenir, si devenir il y a ? On aurait pu attendre un examen de la question et des propositions de réponses puisque à ce jour, pas un seul être dans l'histoire de l'humanité n'a pu répondre à cette question, pas même le Bouddha, et encore moins Nichiren qui ne fait allusion au suicide que de manière rituelle au travers de contes folkloriques et de témoignages historiques pour illustrer le sacrifice ou les rapports de grandeurs symboliques entre les enseignements bouddhiques.
Et bien, il n'y eut pas de réponse. Un vague : « il ne faut pas entretenir de prison personnelle... » ou bien un nébuleux : « en pratiquant ton état de bouddha permet à l'état de bouddha de l'autre (le mort) de s'éveiller et de changer son karma... » Et hop, changeons de sujet de conversation. C'est dans ces moments que j'ai franchement l'impression de me trouver au beau milieu de la Tea party de Alice au pays des merveilles (Lewis Caroll). Je me demande alors qui est le Chapelier toqué, qui est le Lièvre de mars, etc.
Car finalement c'est vrai, comment répondre à des questions existentielles autrement que par des absurdités...?
Ne voulant ni attirer l'attention sur les réponses, ni appesantir la discussion sur un sujet aussi grave, je suis resté dans la réserve en me demandant ce que je faisais là. Les échanges se sont poursuivis avec une certaine similitude avec ceux auxquels j'ai pu assister aux alcooliques anonymes ou dans les groupes de thérapie collective, ou encore dans les cellules psychologiques pour les malades atteints de maladies incurables ou orphelines. Chacun y allant de son combat, qui sur la santé, qui sur le travail, qui sur les troubles psychologiques... A chaque fois il y avait quelqu'un pour répondre une certitude ou statuer sur une situation alors même qu'il n'y avait ni questionnement, ni doute... seulement un témoignage plus ou moins obscur, où le rapport avec la pratique du bouddhisme, de l'éveil, n'était pas vraiment évident ou manifeste.
On passa la parole, comme le font les animateurs des groupes de parole, à une femme que j'avais déjà aperçu mais que je ne connaissais pas vraiment. Elle semblait sereine et déclara que la situation était bonne bien que sa mère soit seule à 90 ans et que son frère de 58 ans soit frappé d'un AVC et à l'hôpital. Elle avait du mal à pratiquer chez sa mère et espérait mobiliser ses frères et sœurs pour aller rendre visite au malade.
Cette intervention n'invitait pas à commentaires, ni à l'énoncé de vérités théoriques sur la situation. Tout le monde compatissait à la souffrance du malade et comprenais le sacrifice de l'intervenante auprès de sa mère. Mais son calme, sa détermination tranquille et son naturel, toutes des qualités propres au Bouddha, me laissait entendre que le combat était plus important qu'il n'était évoqué. C'est aussi une des qualités humaines du Bouddha que de ne pas se montrer ostentatoire dans ses combats, ni dans ses victoires.
Alors je la questionnais. Non pour lui faire dire plus mais parce que son combat silencieux m'intéressait en tant qu'expérience directe de la pratique du bouddhisme. Et ce fut le point de départ d'une discussion qui partant de l'itinéraire personnel de cette femme au sein de sa famille se conclut dans l'importance de pouvoir pratiquer et expliquer le bouddhisme librement aux siens. Cette action est d'autant plus importante que son impact sur l'environnement familial est sans conteste le premier pas de Kosen-rufu. C'est du moins ce que déclarait Josei Toda quand il expliquait qu'il était impossible de faire Kosen-rufu dans le monde tant que l'on n'était pas capable de le faire dans cadre immédiat de la famille.
Cette discussion avait commencé par des questions et non des réponses. Et aux problématiques évoquées par cette femme, il n'y avait pas de réponses toutes faites... seulement des expériences parallèles qui pourraient peut-être apporter des éléments de réponse et des pistes pour faire évoluer la situation, sans volonté d'apporter une solution.
Par ce dialogue, en fin de réunion, j'ai compris ce que ma femme dit souvent : « je ne veux pas des solutions, je veux juste que tu m'écoutes et qu'on en parle ensemble. »
Les questions sont la marque de l'esprit de recherche. Elles sont aussi la marque de l'intérêt que l'on a pour son interlocuteur. Le jeu des questions et des réponses est un cheminement au cours duquel les réponses amènent à d'autres questions et non à des certitudes, surtout si elles sont purement théoriques comme les considérations sur la vie après la mort. Et il s'agit pour nous, pratiquants, de remettre en question nos certitudes afin de chercher et de questionner les autres comme soi-même, sur notre passé, sur notre présent et sur notre futur. La réunion de discussion est un lieu propice pour ce type de renouvellement personnel. Il est toujours regrettable d'y voir les uns comme les autres s'y livrer à des « réponses à tout » stériles qui ne laissent que peu de place aux questionnements et aux recherches intérieures. Nous aimons les certitudes et les dogmes pour la tranquillité et le consensus qu'ils nous apportent. Mais il faut se rappeler qu'ils sont les obstacles majeurs à une perception plus intuitive et plus proche des autres êtres humains, qui, rappelons-le, ne sont pas que des pratiquants...

03:04

Et bien non, je ne suis pas moine


Bien que sur cette image on remarque des couleurs orange sur mes épaules, je ne suis pas devenu, ni n'ai jamais été moine. Et cela bien que je pratique de manière plutôt assidue le bouddhisme de Nichiren (une école japonaise). Et bien que j'écrive nombre d'article sur le bouddhisme en général et le bouddhisme Soka en particulier (l'organisation laïque qui diffuse les enseignements de Nichiren).
Ce que vous apercevez est en fait une écharpe Storchenwiege (c'est le fabricant) pour porter les bébés. Et c'est avec cette écharpe aux couleurs vives que j'ai transporter mon poupon pendant mes vacances. Cela remplace avantageusement la poussette (dont on ne sait que faire) et ça créer une intimité entre le porteur et le bébé. Pour les papas, c'est une occasion en or d'avoir un lien tout à fait étonnant avec les créatures dont ils sont les géniteurs sans pour autant se ruiner les bras, les épaules et le dos.
Je joins une autre photo, pour que tout le monde comprenne :

Et oui, la mouflette est dans l'écharpe et elle dort... Pratique non ?