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Choisir son camp

A la faveur de l'apparition d'une nouvelle personnalité dans le champs du bouddhisme Soka, je reprend la plume pour sortir de mon silence, à la fois voulu et conjoncturel. Un crise personnelle m'a littéralement assommé et l'absence totale de contacts avec mon éco-système bouddhique a effectivement fait le vide autour de moi. Heureusement, mes amis sont nombreux, présent(e)s sur le Web, actifs dans leurs encouragements et dans leurs capacités de bienveillance.

Sur les conseils d'une amie, je suis allé à la recherche d'un nouveau venu, le Pélerin Cosmique. Le terme est audacieux, le nom drôle et plein de références à une littérature aérienne et des bandes dessinées de Jodorowsky. Plutôt ouvert, je me suis fendu de lire un billet long, trop long même, faisant l'état des lieux succinct de l'actuelle organisation ACSBN, ex-SGF, ex-Nichiren Shoshu Française. De mon point de vue, rien de nouveau sous le soleil, sinon que c'est bien écrit, réfléchi, corrigé, remarquablement consensuel sans pour autant manquer d'une certaine radicalité nécessaire à ce genre de littérature.

Mais au bout de cette longue lecture, et du mystère qui entoure ce nouveau personnage, la conclusion m'apparaît relativement fade, faible, sans intérêt. Aucune issue, sinon l'individualisme anarchique, déconnecté de la communauté, marginalisé de fait. Aucune alternative aux comportements pervers et déviants de notre organisation. Aucune solution, ni même une ébauche de solution en dépit d'un discours élaboré, articulé, méticuleux.

Je me demande donc à quoi ça sert ?

Pourquoi, comme Omar Guillermo Saaverda, il y a plus d'un an, et bien d'autres avant lui s'exprimer de façon publique pour ne dire finalement que ce que tout le monde sait et accepte...? Ou plutôt pourquoi continuer à nourrir l'ogre ?

L'organisation administrative du bouddhisme Soka en France est un dispositif caduque, défaillant du point de vue humain, destiné à gérer du patrimoine immobilier et des rentrées d'argent concédées librement et bénévolement. Comment cela serait-il compatible avec la pratique dynamique d'une spiritualité de la libération, de l'autonomie et de la responsabilité ? Le pari est impossible, et Soka Gakkai en France rencontre les mêmes obstacles qu'ailleurs, ceux rencontrés par les autres églises avec elle. L'institutionnalisation écrase la spontanéité et par extension les possibilités d'évolution du mouvement tant du point de vue intellectuel qu'humain.

Ce qui nous intéresse dès lors, c'est de savoir s'il est possible de penser, de concevoir, de déployer et de faire émerger des modèles alternatifs. Non de répéter ce qui est dit ouvertement ou à mots couverts par une proportion très importante de la population de vétérans du mouvement Soka en France.

Donc je reste perplexe sur l'intention de Pélerin Cosmique. Car ce que je lis finalement est une sorte d'infantilisation de l'ensemble des membres de ce mouvement et tout particulièrement de ses responsables, pour les ramener à l'état de malades ou de victimes de troubles mentaux. Une telle démarche est stérile et fausse. Le mouvement Soka ne produit pas que de la névrose, le pélerin lui-même en est un exemple flagrant. Et il produit nombre de voix dissidentes qui se font entendre sur des médiums variés. Comme toutes les organisations, celle-ci contient ses propres agents perturbateurs qui connaissent la pratique du bouddhisme au quotidien au travers de contacts répétés avec le réel du dehors et non les activismes du dedans.

Bref la pluralité et la multiplicité semble absente du discours de Pélerin Cosmique qui semble capable intellectuellement de capturer la totalité du phénomène dans une nasse rhétorique mais qui occulte par là même la mosaïque que représente un tel mouvement.

Il y a beaucoup de choses à prendre dans ce premier billet, mais il n'y a pas beaucoup de pistes pour l'avenir, ni d'idées contradictoires avec les vicissitudes du réel présent. Je gage qu'il y a aura une suite et que je serai probablement un interlocuteur attentif.