16:42

La fin du monde

Finalement, ce qui devait arriver, arrive. Sans attaches et sans liens pour cette terre austère qui ne se laisse pas approcher, ni découvrir, toujours nimbée de brumes et d'ombres, je quitte la Picardie et plus particulièrement l'Oise. Ce pays devait être le point de départ d'une nouvelle vie. Il a été le moment de la fin du monde.
C'est sans regrets que je quitte la Picardie. On regrette les gens, pas les paysages. Ces derniers sont immortels alors que les gens ne font que passer. Je ne regrette pas non plus ceux et celles qui tentent péniblement de suivre les péripéties de Soka Gakkai dans la région.
Sans nouvelles d'eux depuis des mois, pour ne pas dire presque deux ans, je vérifie, une fois encore, que loin des yeux loin du cœur est un principe en vigueur chez les bouddhistes. Fort heureusement, j'ai appris à me démerder seul (version sportive de se dresser seul). Et je n'ai pas attendu qu'on vienne me prêter main forte pour sortir la tête hors de l'eau et commencer à nager.
J'ai de la bonne fortune sous la forme d'amis nombreux (qui ne pratiquent pas le bouddhisme, mais cultivent l'amitié). J'ai de la bonne fortune sous la forme de liens bouddhiques forts avec des membres qui ne connaissent ni les hiérarchies, ni les frontières artificielles de l'organisation formelle. Enfin j'ai de la bonne fortune sous la forme d'une petite fille de maintenant cinq ans qui me rappelle tous les instants de l'importance de l'existence humaine. Devant autant de bonne fortune, la mesquinerie et l'hypocrisie sont bien peu de choses.
Je pars pour retourner, mon corps défendant, à la capitale. L'idée m'est inconfortable, désagréable, douloureuse. Mais je me rapproche de ma fille et il me sera possible de la voir très souvent. Alors j'oublie l'inconfort. Et je trouverai bien dans le quartier de Drancy où je vais atterrir une réunion de discussion à fréquenter. La Seine St. Denis est fertile en souffrances. Le bouddhisme du lotus s'y trouve à son aise pour pousser.
Au revoir Picardie. Je reviendrai certainement en touriste. Et c'est bien mieux ainsi pour moi comme pour tout le monde.

06:02

L'ombre suit le corps

Les premiers chiffres commencent à tomber et à faire état des retombées du séisme spectaculaire et meurtrier qui a ébranlé le Japon il y a quelques jours. L'ampleur est immense, désastreuse, terrible en termes de pertes humaines et colossale en termes de dégâts matériels. Viennent s'ajouter à cela la redoutable explosion qui a soufflé le plafond du réacteur n°2 de la centrale de Fukushima et la menace qui pèse sur le réacteur n°1. Le bilan provisoire est très lourd. Les répercussions sont encore à venir et il est probable que nous ne saurons les véritables conséquences qu'au bout de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. La presse française titrait ce matin "la plus grave crise depuis 1945". Cela apparaît comme un euphémisme.

Du point de vue des enseignements de Nichiren, les catastrophes et les calamités sont le résultat conjoint de la perversion des enseignements bouddhiques et de la prolifération de cultes contre nature. A l'époque féodale de Nichiren, le bouddhisme du sûtra du Lotus était confidentiel, minoritaire et totalement inconnu du public. Nichiren ne disposait d'aucun moyen de communication comparable à nos médias multiples et instantanés. Pourtant cela ne l'a pas empêché de publier (c'est-à-dire d'envoyer aux personnalités influentes de son temps) un traité radical pour démontrer que la méconnaissance du bouddhisme conduisait invariablement à l'irruption des trois calamités et sept désastres.

Pour faire court, le non-respect des enseignements bouddhiques entraîne une série de catastrophes qui se déclarent les unes à la suite des autres. Les désastres sont le résultat d'un mépris pour l'environnement, les calamités le résultat d'un mépris pour les sociétés humaines. Les calamités et les désastres sont très documentés et décrits par Nichiren dans son traité Sur la pacification du pays par l'établissement de la loi correcte (jap. Rissho Ankoku Ron). De même que les cataclysmes s'abattent (et s'abattront) comme démonstrations de l'ignorance et du mépris dont peuvent faire preuve les individus, les conditions favorables et les environnements protégés sont le résultat de l'éveil à l'environnement et du respect des autres et de l'écosystème.

C'est en se fondant sur ce principe de Rissho Ankoku (Pacification du pays par la diffusion large des enseignements "corrects" du bouddhisme) que la Soka Gakkai a développé un discours environnemental et une politique engagée contre le nucléaire et contre les déprédations perpétrées contre la planète. C'est aussi sur la base d'une large propagation de ses enseignements (fondés essentiellement sur ceux de Nichiren) que la Soka Gakkai porte la promesse d'une vie meilleure, d'une société de valeur et de valeurs, d'un environnement humain et naturel plus sûr, plus riche, plus humain. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce message et ses valeurs ont permis de rassembler des populations entières frappées durement par toutes les atrocités du conflit et de ses répercussions. Le développement florissant de SGI, au Japon comme ailleurs, s'est fait symétriquement à l'essor industriel et économique mondial des Trente glorieuses. On trouvait alors une magnifique illustration à la fois locale et mondiale du principe de Rissho Ankoku.

Mais ce développement a trouvé ses limites avec les multiples crises financières des années 90, puis avec les répétitions systémiques du capitalisme du désastre (terme développé par Naomi Klein, entre autres). Le Japon fut historiquement parmi les premiers pays à souffrir de ses crises financières et en quelque sorte le laboratoire d'incubation d'une stratégie de la crise adoptée par toutes les forces de spéculation boursière de la planète. Finalement, par un modernisation de ses articulations et de sa terminologie, les Trois calamités et les Sept désastres étaient de retour sous la forme de récessions, de crises localisées mais meurtrières, de multiples conflits armés de frontières ou intérieurs, bref d'une prolifération des anti-valeurs (consommation aveugle, conflits prédateurs, irresponsabilité individuelle comme sociale) sources de toutes les catastrophes.

Tout au long des années 90, décennie de crise pour le Japon comme pour le reste du monde occidentalisé, la symétrie entre développement de la SGI et le développement économique mondial s'est réduite jusqu'à ne plus être qu'un simple discours incantatoire vide de substance. Au début du 21e siècle, le développement réel de la SGI en nombre d'adhérents comme en nombre d'actions institutionnelles étaient manifestement stagnant ne connaissant de développement qu'en termes de renouvellement de ses effectifs. Politiquement, le parti Komeito, enlisé dans une coalition stérile avec le PLD, tentait de sortir de l'impasse et de ne pas connaître de retour de bâton électoral. Ses efforts n'ont pas porté de fruits et les élections successives de ces dernières années ont réduit l'influence du petit parti pivot au sein de l'échiquier politique et social japonais.

La pratique du Daimoku et des enseignements de Nichiren sont, selon les termes de la SGI, le gage d'un développement individuel et par extension social orienté vers un monde plus sûr, plus riche, plus respectueux de l'environnement. Le Japon bénéficie d'une pénétration très importante de cette philosophie au sein de la société civile avec une représentation de plusieurs millions de foyers. Cette forte présence, près de 10% de la population japonaise, était jusqu'à il y a quelques jours la promesse d'une progression certaine vers un renouveau de la prospérité individuelle et collective ainsi que d'une forme indicible de protection. Mais le séisme de la semaine dernière marque un coup fatal à ce projet d'envergure. Le Japon, point d'origine de la révolution bouddhiste, est désormais l'épicentre d'une catastrophe aux proportions bibliques. Les images retransmises et les témoignages rendent toute la dimension apocalyptique de cette catastrophe.

Se pose alors une question clé : comment le pays berceau du bouddhisme de Nichiren, centre du mouvement pour la création des valeurs, point d'origine de la SGI, est-il finalement le théâtre du déchaînement des Trois calamités et des Sept désastres sous des formes traditionnelles comme nouvelles ? N'y a-t-il pas ici un paradoxe qui nous renvoie au traité de Nichiren et à une réévaluation des orientations et du discours de la SGI ? Ne sommes-nous pas revenus en vingt ans à la situation que connaissait Nichiren à sa propre époque, une époque de confidentialité du sûtra du Lotus ?

Aujourd'hui le temps n'est pas aux réflexions de fond sur les doctrines d'une association bouddhique. C'est le temps de la solidarité et de la compassion. Devant les menaces terribles qui pèsent sur les deux sites nucléaires de Fukushima (Jap. : l'île de la bonne fortune), nos prières sont déterminantes. Mais une fois passé le chaos, il faudra bien reconsidérer le principe de l'ombre qui suit le corps, et des enseignements de Nichiren qui lui sont associés. Il faudra se poser sérieusement la question de la validité du discours de la SGI ces vingt dernières années et de la capacité de sa doctrine à protéger, enrichir et développer les individus, leurs communautés et leur habitat. A travers cette réflexion de fond, une lecture neuve des enseignements clés de Nichiren s'impose, en dehors des éclairages doctrinaux de telle ou telle école, en dehors des sentiers battus et surtout en dehors des sectarismes divers qui tuent le développement d'une spiritualité propre au 21e siècle.

06:09

Les maîtresses soumises de la SGI

En décembre dernier, le magazine Daibyakurenge, support d'étude en langue japonaise de la Soka Gakkai, publiait un commentaire de la lettre de Nichiren, Le Sûtra de l'authentique reconnaissance* (WND 1, 929). On y découvre comment Nichiren considère le rôle central des femmes dans la propagation de l'esprit du sûtra du Lotus et de ses enseignements philosophiques. On y apprend également la valeur considérable et déterminante de la relation que chacun entretient avec ses parents. Publiée en février en langue anglaise, ce commentaire (SGI Newsletter n°8155) arrivera dans les publications de l'ACEP dans les prochains mois.

A la lecture de ce commentaire, le rôle des femmes au sein de la SGI revient en force comme le moteur du développement du mouvement Soka et de la philosophie de Nichiren. Le commentaire signé de Daisaku Ikeda fait une démonstration simple et sans équivoque que les femmes, à la fois en leur qualité d'individu mais aussi en tant que mères de famille et de pivot du foyer, sont à la pointe des progrès humains et sociaux. Les femmes sont en somme les piliers de la SGI.

Cette déclaration de principe articulée sur des extraits des lettres de Nichiren pose de nombreuses interrogations lorsque l'on prend le temps d'observer attentivement le fonctionnement de la SGI, et plus particulièrement les organisations locales, c'est-à-dire dans chaque pays où le mouvement Soka est légitime et représenté dans l'espace public.

La première constatation est l'absence flagrante des femmes des cercles décisionnaires dans la plupart de toutes ces instances ou institutions. les hommes, bien que largement minoritaires au sein du mouvement, et ce à l'échelle mondiale, détiennent la quasi-totalité des postes clés de décision et de commandement. On peut contester la nature des pouvoirs réels conférés aux dirigeants des organisations, arguant qu'il s'agit de fonctions honoraires, informelles ou encore d'ordre religieuses. Mais force est de constater que les institutions sont également des entités économiques dotées de moyens qui sont organisés, rationalisés et contrôlés par des hommes et non des femmes. Force est également de constater que l'écrasante majorité des vice-présidents japonais au sein des instances dirigeantes de SG au Japon est masculine et que la presque totalité des personnalité publiques agissantes et influentes au sein des organisations toutes nationalités confondues sont encore des hommes.

La deuxième observation repose sur le fait que le rôle des femmes, bien que mis en avant par ce commentaire (et bien d'autres écrits et discours par le passé), est très nettement circonscrit à une vision japonaise traditionnelle de la femme dans la société. Essentiellement attachée (pour ne pas dire enchaînée) au foyer et à la famille, le rôle de la femme ne dépasse que rarement la frontière des activités domestiques et surtout l'éducation et le soin apporté aux enfants. L'impact social au travers d'une carrière professionnelle, d'une activité politique ou sociale ou même au travers d'une contribution civile locale n'est jamais abordé sinon au travers des "activités" militantes bénévoles au service de l'organisation religieuse. En schématisant on pourrait dire que le portrait de la femme au sein de la SGI est essentiellement celui de la mère de famille impliquée dans des activités d'aumônerie et de catéchèse.

Enfin la troisième observation repose sur l'injonction paradoxale sur laquelle repose ce discours permanent qui flatte les femmes d'un côté et leur interdit une réelle prise de contrôle des opérations sous prétexte de compassion. En effet, le commentaire cité en référence pose clairement l'opposition entre la compassion et l'intérêt personnel, associé aux calculs et aux rivalités. La compassion apparaît alors comme une forme d'abnégation absolue qui impose l'endurance, la tolérance totale et la persistance comme seul moyen d'action pour faire changer les choses, pour sortir de la souffrance. Cet air a quelque chose de familier et la musique nous est jouée depuis l'avènement de l'ère chrétienne. Bref, la pieuse mère de famille sera également silencieuse, sublime figure de la mater dolorosa si chère à nos sociétés catholiques romaines.

A la lumière de ce commentaire des lettres de Nichiren, on comprend une fois encore la difficulté que les femmes rencontrent à sortir des schémas patriarcaux, insidieux, subtils et omniprésents qui truffent les exégèses et les interprétations, voire les traductions. Il n'est pas ici question de dire que Nichiren, personnalité du 13e siècle japonais est un affreux macho. Il est question ici de comprendre que les hommes de notre siècle et qui organisent la pratique du bouddhisme de Nichiren sont prisonniers d'une phallocratie à peine masquée.

Ce qui m'interroge encore davantage est de comprendre pourquoi les dirigeants de l'organisation Soka continuent de prendre leur rôle dirigeant au sérieux et de perpétuer une tradition patriarcale qui n'a plus lieu d'être. C'est du moins, à mots couverts l'invitation que leur fait le maître de l'organisation Soka, ou du moins son président honoraire. A défaut de comprendre au bout de dizaines d'années de répétition, il aurait suffit de lire pour permettre l'émergence d'un nouveau dispositif laïque, d'un nouvel esprit plus proche de la parité proposée par les enseignements du sûtra du Lotus, pourtant vieux de deux millénaires.

Mais peut-être le problème ne se situe pas dans le comportement des mâles en mal d'autorité. Peut-être faudrait-il se tourner vers l'autre sexe et se demander d'où vient cette incompréhensible passivité et son incroyable soumission à la plus vieille dictature de l'histoire...


* J'utilise reconnaissance pour traduire requital qui a trois sens en anglais : 1. Juste rétribution punitive, 2. Rendre une faveur à quelqu'un, 3. Répondre à (en amour ou en affection).

18:44

Choisir son camp

A la faveur de l'apparition d'une nouvelle personnalité dans le champs du bouddhisme Soka, je reprend la plume pour sortir de mon silence, à la fois voulu et conjoncturel. Un crise personnelle m'a littéralement assommé et l'absence totale de contacts avec mon éco-système bouddhique a effectivement fait le vide autour de moi. Heureusement, mes amis sont nombreux, présent(e)s sur le Web, actifs dans leurs encouragements et dans leurs capacités de bienveillance.

Sur les conseils d'une amie, je suis allé à la recherche d'un nouveau venu, le Pélerin Cosmique. Le terme est audacieux, le nom drôle et plein de références à une littérature aérienne et des bandes dessinées de Jodorowsky. Plutôt ouvert, je me suis fendu de lire un billet long, trop long même, faisant l'état des lieux succinct de l'actuelle organisation ACSBN, ex-SGF, ex-Nichiren Shoshu Française. De mon point de vue, rien de nouveau sous le soleil, sinon que c'est bien écrit, réfléchi, corrigé, remarquablement consensuel sans pour autant manquer d'une certaine radicalité nécessaire à ce genre de littérature.

Mais au bout de cette longue lecture, et du mystère qui entoure ce nouveau personnage, la conclusion m'apparaît relativement fade, faible, sans intérêt. Aucune issue, sinon l'individualisme anarchique, déconnecté de la communauté, marginalisé de fait. Aucune alternative aux comportements pervers et déviants de notre organisation. Aucune solution, ni même une ébauche de solution en dépit d'un discours élaboré, articulé, méticuleux.

Je me demande donc à quoi ça sert ?

Pourquoi, comme Omar Guillermo Saaverda, il y a plus d'un an, et bien d'autres avant lui s'exprimer de façon publique pour ne dire finalement que ce que tout le monde sait et accepte...? Ou plutôt pourquoi continuer à nourrir l'ogre ?

L'organisation administrative du bouddhisme Soka en France est un dispositif caduque, défaillant du point de vue humain, destiné à gérer du patrimoine immobilier et des rentrées d'argent concédées librement et bénévolement. Comment cela serait-il compatible avec la pratique dynamique d'une spiritualité de la libération, de l'autonomie et de la responsabilité ? Le pari est impossible, et Soka Gakkai en France rencontre les mêmes obstacles qu'ailleurs, ceux rencontrés par les autres églises avec elle. L'institutionnalisation écrase la spontanéité et par extension les possibilités d'évolution du mouvement tant du point de vue intellectuel qu'humain.

Ce qui nous intéresse dès lors, c'est de savoir s'il est possible de penser, de concevoir, de déployer et de faire émerger des modèles alternatifs. Non de répéter ce qui est dit ouvertement ou à mots couverts par une proportion très importante de la population de vétérans du mouvement Soka en France.

Donc je reste perplexe sur l'intention de Pélerin Cosmique. Car ce que je lis finalement est une sorte d'infantilisation de l'ensemble des membres de ce mouvement et tout particulièrement de ses responsables, pour les ramener à l'état de malades ou de victimes de troubles mentaux. Une telle démarche est stérile et fausse. Le mouvement Soka ne produit pas que de la névrose, le pélerin lui-même en est un exemple flagrant. Et il produit nombre de voix dissidentes qui se font entendre sur des médiums variés. Comme toutes les organisations, celle-ci contient ses propres agents perturbateurs qui connaissent la pratique du bouddhisme au quotidien au travers de contacts répétés avec le réel du dehors et non les activismes du dedans.

Bref la pluralité et la multiplicité semble absente du discours de Pélerin Cosmique qui semble capable intellectuellement de capturer la totalité du phénomène dans une nasse rhétorique mais qui occulte par là même la mosaïque que représente un tel mouvement.

Il y a beaucoup de choses à prendre dans ce premier billet, mais il n'y a pas beaucoup de pistes pour l'avenir, ni d'idées contradictoires avec les vicissitudes du réel présent. Je gage qu'il y a aura une suite et que je serai probablement un interlocuteur attentif.

17:15

Cent jours

Quand j'ai commencé à pratiquer le bouddhisme de Nichiren, nous avions l'habitude de recommander la pratique assidue de cent jours pour se faire une idée de la preuve concrète, tangible et matérielle qu'elle pouvait produire. Cent jours, soit un peu plus de trois mois, c'était le temps minimum pour savoir si cette pratique convenait à celui ou à celle qui voulait l'expérimenter et pour obtenir des résultats dans sa vie. Cent jours, c'était le délai de réflexion avant de demander à recevoir l'objet de culte, le Gohonzon, et d'adhérer à la Soka Gakkai (car à l'époque, on adhérait).

Les cent jours n'étaient pas une période de retraite, dans la solitude et l'austérité. Ils n'étaient pas non plus un entraînement intensif, normatif, d'intégration. Pendant cent jours, un autre pratiquant allait chez le novice pour lui apprendre à réciter Gongyo et à réciter Daimoku avec lui ou elle. Gongyo comprenait un chapitre et demi du Sûtra du Lotus que l'on récitait 5 fois le matin et 3 fois le soir. La lecture complète du matin prenait, dans les débuts, pas moins de 40 minutes et la pratique totale près d'une heure. Il fallait donc être motivé pour ne pas être rebuté d'emblée par la longueur et l'aspect incompréhensible du Gongyo que l'on apprenait en phonétique faute de comprendre le japonais vernaculaire.

En cent jours, le/la novice assistait à 7 réunions de discussion, à raison de deux par mois. Il/elle pouvait avoir la possibilité d'assister à des réunions de groupe pour connaître les gens de son quartier et de son département. En général, en cent jours, cela ne dépassait pas les dix réunions d'environ une heure et demi chacune. Tout cela se déroulait aux domiciles de ceux et celles qui voulaient bien accueillir des réunions de discussion et dans une atmosphère plutôt détendue et informelle. Peu de japonais étaient présents, et les novices n'étaient pas des curiosités. Les personnes nouvelles, intéressées par cette philosophie bouddhiste qui se pratiquait au quotidien sans moines et sans fanfreluches attirait naturellement les gens, souvent en recherche d'une spiritualité ou d'une éthique pouvant supplanter les vieilles religions et les idéologies moribondes.

Cent jours, c'était le bon temps

Et si au bout de cent jours, rares étaient les novices qui n'avaient pas d'expérience à raconter et une envie irrépressible de refaire le monde, de refaire leurs mondes. Il arrivait qu'au bout de cent jours, des novices reprennent le chemin de l'Eglise, ou bien qu'ils/elles retournent à leurs premiers amours spirituels ou éthiques avec une énergie renouvelée. Le bouddhisme avait fait son effet, revitalisant. Encore plus rare étaient ceux ou celles qui quittaient les réunions avec le sentiment d'avoir été au contact d'une secte.

Cent jours, c'était le bon temps.

Aujourd'hui, il faut protéger et respecter. Alors le bouddhisme est souvent absent des échanges même si on continue à l'appeler bouddhisme. Les croyances en Dieu, en les anges, en l'astrologie, dans les cristaux ou les énergies, dans le pouvoir des fleurs ou de l'acuponcture, des massages et des flux, des réseaux de résonances et d'influences mystiques ont pris le pas sur l'enseignement basique du bouddhisme le plus simple. Face à l'abondance et la foison, on brandit le président Ikeda comme d'autres ont brandit le crucifix sanglant ou les images pieuses. Face au grand bazar de la spiritualité de comptoir, on oppose la pureté de l'enseignement de Nichiren conservé exclusivement par nous... et pas les autres.

Aujourd'hui, il faut tolérer mais rester ferme. Alors les religions moribondes d'hier sont ramenées à la vie pour faire causes communes... mais pas les autres Nouveaux Mouvements Religieux. Pas question d'être assimilés aux Témoins de Jéhova, ni à l'Eglise de la Scientologie, ni même aux Rosécruciens ou aux Evangélistes. Et de menacer de procès ceux qui oseraient nous mettre dans le même sac.

Hier, nous étions mis à l'index, traînés dans la boue et pourtant notre mouvement se développait et nous avions des réunions en expansion. Les associations étaient un joyeux bordel et personne ne savait vraiment comment gérer tout ça. Alors on improvisait, on s'improvisait et on faisait de notre mieux.

Aujourd'hui, nous n'avons jamais été aussi protégés des institutions et des médias qui se désintéressent de nous. Et jamais nous n'avons été aussi susceptibles et rigides. Les réunions sont faméliques, difficiles et les rares qui fonctionnent encore selon le mode ancien prospèrent. Le reste vieillit et continue de prétendre que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Peut-être devrions-nous donner cent jours à ceux qui nous dirigent pour faire leurs preuves et savoir si la direction de ce mouvement, qui est le nôtre, est une expérience concluante ou pas...

06:55

Se dresser seul

La rhétorique de Soka Gakkai est, hélas, pleine de phrases toutes faites, de mots valises et de pseudo-devises qui sonnent comme des slogans, évoquent un imaginaire héroïque et impliqué, que ceux et celles qui ont connu l'époque Maoïste reconnaissent aisément. L'une d'elle est : se dresser seul. Ce slogan invite chaque pratiquant à ne pas attendre d'aide de l'extérieur et à prendre sur ses épaules la responsabilité de transformer sa propre vie et pendant qu'il (ou elle) y est la responsabilité de diffuser largement les enseignements Soka au plus grand nombre. L'argument est simple : nous sommes tous, individuellement, responsables tant de nos vies que de celles des autres.

Le problème des slogans comme celui-ci c'est l'à propos de son usage. Pour le dire simplement : à quel moment encourage-t-on quelqu'un à se dresser seul ?

D'après mon expérience personnelle du bouddhisme, on encourage les gens à se dresser seuls lorsqu'ils démontrent un réel désir d'accomplissement personnel au travers d'une recherche spirituelle ou philosophique. Ce qui signifie que l'on est en présence de quelqu'un de mature, voire adulte dans tous les sens du terme, capable de recevoir un tel encouragement. Il ou elle saura en faire usage car capable de l'intégrer dans une démarche acquise, travaillée, voulue. Celui ou celle qui se dresse seul est alors capable de voir l'impact de cette posture psychologique sur sa propre démarche de vie, sur le chemin qu'il ou elle a choisit pour mener son existence en ce monde.

Toujours d'après mon expérience personnelle, se dresser seul est un slogan improductif et inutile pour quelqu'un qui est en détresse, physique ou morale. Les difficultés et les obstacles à surmonter ont cette propriété d'obscurcir l'avenir d'un individu et de le plonger dans un état de souffrance et de désespoir plus ou moins profond. Dans un tel état, l'impératif de se dresser seul devient une charge, une pression, supplémentaires qui ne font qu'alourdir le navire qui prend l'eau. Se dresser seul devient alors une injonction paradoxale, irrationnelle, à la limite du sacrifice ou du martyr, nous reléguant à des croyances précédentes et différentes de l'enseignement essentiel du bouddhisme.

Le bouddha, ou plutôt l'éveillé(e), est un individu adulte, responsable et conscient de sa responsabilité personnelle dans l'ensemble des événements de son existence. Il ou elle comprend également l'impact de son action sur la vie des autres. Cette prise de conscience s'accompagne d'une réelle compréhension de l'impossibilité de contrôler les événements auxquels l'individu est confronté. Il ne reste plus alors qu'à ajuster son attitude en fonction de ce qui survient et en maintenant au mieux le cap de sa propre existence à la manière d'un capitaine de navire balloté par les flots. L'éveillé(e) est l'individu qui considère à chaque instant qu'il ou elle se dresse seul, rencontrant les autres éveillé(e)s dans la même disposition d'esprit. Ensembles, ils et elles sont capables de soulager la souffrance de ceux et de celles qui n'ont pas encore adopter cette gymnastique intérieure.

La période des fêtes est propice aux suicides et aux désespoirs de toutes sortes. Cette organisation presque mondiale de congrégations et de réunions amicales ou familiales amplifie également la solitude de ceux et de celles qui n'ont ni la capacité ni la perspective de se dresser seul(e)s. C'est pour cette raison que le taux de suicides grimpe, tous territoires confondus, à cette époque de l'année.

Dans l'adversité, nous ne sommes pas tous égaux, et quels que soient les disciplines auxquelles nous faisons appel pour soutenir nos vies, aucun de nous n'échappe à des moments d'intense souffrance ou de désespoir irréductible. C'est à ce moment-là qu'il faut oublier les slogans et les phrases toutes faites pour revenir à des attitudes concrètes de bienveillance. L'hospitalité, la tendresse, la générosité, l'ouverture et l'écoute sont les attitudes attendues par ceux et celles qui ne peuvent, ni ne veulent se dresser seul(e)s. Dans ces moments-là c'est l'amour, la sympathie, l'affection et l'estime qui deviennent les dons du bouddha, ses enseignements, son action.

Le bouddhisme n'est pas une philosophie froide, chirurgicale, pontifiante ou doctrinaire. Ses enseignements sont d'abord et toujours le soulagement du désespoir et de la souffrance. Et ce soulagement n'est pas apporté par la connaissance académique ou le raisonnement logique ou même la croyance dogmatique. Le bouddha soulage les individus par sa capacité à protéger, à aimer et à permettre l'édification des individus. Ces trois vertus de souverain, de parent et de maître n'ont rien d'une condescendance charitable ou d'une hiérarchie pragmatique. Le bouddha est comme sœur Emmanuelle. Il aime les gens, alors il les tutoient. En ce sens, les bouddhas ne connaissent que la proximité avec tous les êtres humains, des plus beaux aux plus laids, des plus aimables au plus détestables, des meilleurs aux plus méprisables.

Très tôt, j'ai appris à me dresser seul, non contre les autres, mais simplement par moi-même. Cette année, qui a été éprouvante tant du point de vue physique que du point de vue psychique, m'a encore appris qui étaient les gens qui m'aimaient et me protégeaient. J'ai également pris conscience que ceux et celles qui disent nous aimer, nous apprécier, nous aider peuvent devenir les plus laids, les plus détestables et les plus méprisables des êtres. Il me faut apprendre à les aimer aussi, à continuer de les protéger et à leurs permettre de devenir meilleurs. C'est aussi cela se dresser seul.

Bonne année à tous.

06:59

La nostalgie d'une époque révolutionnaire

Je l'ai déjà dit dans cette colonne, j'ai rencontré le bouddhisme il y a plus de vingt ans. C'est à la fois beaucoup et peu. Beaucoup pour les nouveaux venus qui découvrent à peine la récitation de Daimoku et espèrent recevoir un Gohonzon, peu pour les aînés qui ont résisté aux remous des années soixante, aux délires des années soixante dix, aux corporatismes des années quatre-vingt et aux conflits internes des années quatre-vingt dix.

On arrive presque au bout de la première décennie du premier siècle d'un nouveau millénaire chrétien, et je me demande bien comment on va qualifié cette décennie-ci. La décennie du culte de la personnalité ? La décennie de la dérive institutionnelle ? La décennie de la peur et de l'intégrisme religieux ? Cette dernière appellation semble bien correspondre à la réalité générale des spiritualités dans le monde et dans l'époque. Car de manière pacifiquement hypocrite ou de façon ouvertement violente, les religions sont sur le sentier de la guerre, rivalisant pour se tailler une place de choix sur la scène médiatique mondiale.

Depuis mon perchoir humide du Valois, en Picardie, je me demande bien comment on en est arrivé là. A mes débuts, les choses étaient bien différentes et le discours ambiant était celui d'une authentique révolution de velours. La révolution humaine avait un sens : celui de permettre à chacun de prendre en main sa vie et de changer la société. 25 ans plus tard, la première partie du discours est toujours valable mais la seconde est inexistante ou invisible.

La réforme individuelle, portée par une discours ambiant de développement personnel et d'auto-psychanalyse (comme une forme d'automédication), s'est appropriée le bouddhisme de la Soka Gakkai qui est ainsi perçu comme une technique. On pratique pour transformer sa vie, c'est-à-dire obtenir du confort, de l'amour et de la reconnaissance sociale. On pratique pour changer son karma, ce qui se traduit par corriger les attitudes non-conformes et contre-productives qui nous empêchent de gagner le bonheur. On pratique pour être libre, ou plus simplement énoncé pour ne plus s'encombrer de scrupules, de culpabilité, de remords ou de regrets. En soi et à un niveau purement individuel, c'est une révolution.

Mais cette révolution apporte-t-elle un changement notable et déterminant dans la société ? Nos révolutions personnelles engendrent-elles une révolution sociale ?

Non.

Si au Japon, socle du mouvement de Kosen-rufu dnas le monde, la Soka Gakkai a vu une extraordinaire renaissance de la société japonaise et de sa population depuis la capitulation jusqu'à la fin des années soixante-dix, elle a été témoin d'une longue et inexorable stagnation puis désagrégation dans les années quatre-vingt dix et après. Cette stagnation s'est déroulée symétriquement au tassement du nombre de pratiquants au Japon et à un net ralentissement du renouvellement des générations.

A la fin des années quatre-vingt en France, la Soka Gakkai avait du mal à se distinguer de l'ordre monastique, Nichiren Shoshu. Puis dès le début des années quatre-vingt dix ce fut le schisme et l'expulsion de la majorité par une caste de moines rétrogrades et corrompus. Entre 1986 et 1991, j'ai donc connu une période de révolution tant personnelle que sociale.

C'était l'époque de la cohabitation, le deuxième septennat Mitterand, une ère de communication et la montée en puissance de la finance. Les classes ouvrières s'opposaient aux classes moyennes embourgeoisées et le patronat tentait par tous les moyens de réduire l'opposition syndicale dans les entreprises. C'était aussi la grande époque des premières délocalisations, la concentration des grandes industries françaises et internationales, les prémices de la globalisation. Enfin c'était l'époque de la chute du Mur, de la désintégration de l'URSS, de la fin de la Guerre froide.

Dans un tel contexte d'explosion politique et sociale au niveau international, le discours à la fois éthique et discrètement politique de la Soka Gakkai, essentiellement porté par Daisaku Ikeda, mais aussi par une classe dirigeante au sein de l'organisation, avait quelque chose de neuf, de résolument contemporain et proposait des pistes de réflexion et d'action pour vivre dans un monde débarrassé de la confrontation permanente entre capitalisme et communisme. Et en plus, cela se déroulait, au niveau local (c'est-à-dire chez nous) d'une manière associative et dynamique, où les volontaires étaient nombreux, les bénévoles sincères et l'enthousiasme spontané.

C'était l'époque étonnante et chaleureuse des activités et des échanges aux deux niveaux de soi et de la société dans laquelle on vivait. Les propos étaient ouverts, les discours visionnaires et l'ensemble de la culture Soka était en phase avec l'actualité et le réel tant au niveau international que personnel et quotidien. Les moyens étaient frustres, maigres et parfois même inexistants mais l'on savait s'organiser, faire avec rien et produire et l'événement et l'encouragement. Le centre de Sceaux était ce qu'il était et on faisait avec. Et si l'on avait une ou deux heures à tuer, on pouvait donner un coup de main aux espaces verts, passer une couche de peinture, déménager quelques meubles devenus obsolètes.

Chacun dans son chapitre, nous avions une vie de quartier intense. Ce que les aînés n'organisaient pas, les jeunes le faisaient. Il ne se passait pas une semaine sans une activité, voire deux. Et si cela était plus fréquent en Ile-de-France, certaines régions n'étaient pas en reste et démontraient une vivacité incroyable. La révolution était en marche et les membres de la Soka Gakkai n'étaient pas seulement des personnages de fiction d'un autre âge, les Boddhisattvas sortis de la Terre, mais surtout des militants, des activistes, des participants, des animateurs et des animatrices... Ils étaient des gens.

La souffrance, les troubles, les difficultés étaient autant qu'aujourd'hui. Mais la période n'était pas aux pages larmoyantes de Pyschologies, ni aux extases éthérées du Monde des religions, et encore moins aux émissions de commisération collective qui criblent la programmation du service public. C'était le temps des crises, du travail difficile, des salaires au lance-pierre et des plans sociaux. C'était le temps des Noëls de grève sous la neige. Les gens pratiquaient ensemble souvent, en voisins. Il ne s'agissait pas de se donner des directives, mais d'être ensemble, tout simplement.

J'adorais ce temps-là.

Et même si dans les années quatre-vingt dix, j'ai vu un virage s'amorcer, j'ai continué à militer pour une Soka Gakkai sociale, proche des gens, syndicale à l'anglaise, chaleureuse comme on s'est l'être dans le Nord... bref solidaire et ouverte. Puis à mesure que la décennie quatre-vingt dix s'est écoulée, j'ai vu tout cela disparaître peu à peu, remplacé par une volonté de confort, d'être apprécié, d'avoir de la reconnaissance. L'inverse de ce le deuxième président de la Soka Gakkai avait enseigné à ses disciples.

Le centre de Sceaux est devenu une maison grise, marbré, cerclée d'aluminium et proposant d'aller voir un Gohonzon sous verre, comme s'il était la Joconde. Les activités de quartier se sont lentement éteintes pour ne devenir aujourd'hui qu'une simple réunion de lecture du sujet imposé, énième cours du Sensei, rabâché et ruminé. Les jeunes d'hier sont devenu les vieux d'aujourd'hui. Et les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas sortis de terre faute d'ouverture, de renouvellement du discours, de regard lucide sur les changements de notre temps.

A l'image de toutes les grandes révolutions de la planète : Cuba, Viet-nam, Chine, Amérique du Sud, Italie... Tout a été laminé lentement mais sûrement par le costume-cravatte, la poignée de main vigoureuse, le sourire de circonstance et le discours consensuel et convenu. Les regards qui hier scrutaient les avenirs possibles, sont tous tournés aujourd'hui vers une image factice du père, de l'homme idéal, du maître à penser, du guide... portée péniblement par un vieil homme fatigué, le regard inquiet et flétri par une image vidéo moche et indigne.

Que reste-t-il du temps de la révolution ? Quelques bribes ça et là... Quelques irréductibles profondément attachés à une tradition qu'ils et elles pensent encore vivante. Mais de mouvement, c'est l'arrêt complet, la pose figée, telle les statues qui ornent les entrées de bâtiments à Shinanomachi, QG de la Soka Gakkai Internationale.

Faut-il s'insurger ? Protester comme l'on fait les jeunes hommes en colère en 1973 dans le bureau même de Daisaku Ikeda ? Ou est-ce déjà trop tard, car faute d'une jeunesse engagée à défaut d'être sage, dynamique à défaut d'être forte, enthousiaste à défaut d'être savante, nous ne pourrons pas aller bien loin. L'époque est aux révolutions et aux combats d'idées. Et selon que nous sommes capables, chacun individuellement, de produire du changement radical dans notre environnement immédiat, l'avenir sera sur les rails du progrès, ou bien sur ceux de la destruction. Car pendant que nous ne faisons rien d'autre que nous regarder le nombril et pleurer sur nos misères, d'autres moins scrupuleux, nous préparent un avenir glauque, sombre et sans espoir.

Où que vous soyez, il est temps de sortir de l'ombre, de cesser de vous apitoyer sur votre sort ou votre apparente impuissance. Il est temps de permettre cette révolution attendue par chacun et par tous.